Selon Nietzsche, l’éternel retour est l’état naturel de l’existence. Le temps est infini et il existe un nombre fini d’événements, donc les mêmes événements se répètent encore et encore.
Je ne sais pas si cette théorie est universellement valable, mais quand il s’agit de prophéties sur des robots venant voler nos emplois, elle semble bien contenir une part de vérité.
Tout au long de l’Histoire, l’impact des nouvelles technologies sur l’emploi a suscité des craintes et des appréhensions. Compte tenu du nombre de fois où l’apocalypse des robots a été annoncée sur le marché du travail au cours des derniers siècles, il est étonnant qu’il reste encore des emplois.
Par exemple, considérez ces célèbres prophètes de malheur :
- Dans les années 1590, la reine Elizabeth a refusé de breveter une machine à tricoter, en disant : « Pensez à ce que l’invention pourrait faire à mes pauvres sujets. Cela les ruinerait sûrement en les privant de leur travail, les faisant devenir des mendiants. »
- Au début des années 1800, un groupe révolutionnaire d’ouvriers anglais du textile, les luddites, a déclenché des émeutes dans les usines textiles. Ils ont détruit des machines, de peur que leurs emplois ne disparaissent à cause de l’automatisation. Karl Marx, John Stuart Mill et de nombreux autres penseurs influents ont adopté une vision profondément pessimiste de la manière dont la technologie et l’automatisation conduiraient les masses au chômage et à la pauvreté.
- L’hystérie mondiale autour des robots a culminé dans les années 1930. En 1933, le chômage aux États-Unis a atteint 25 % en raison de la Grande Dépression et de nombreux robots ont été blâmés. La Fédération américaine des musiciens, par exemple, a dépensé plus de 500 000 dollars en publicités pour lutter contre l’essor de la « musique robotique » – des enregistrements sur disques vinyle, qui « mettront bientôt tous les musiciens professionnels au chômage ».
- La fin des années 1950 et les années 1960 ont vu une autre manifestation de la robophobie, avec des titres tels que :
- Il est curieux que le journal socialiste belge Le Peuple ait qualifié l’ouverture au public de l’Atomium de Bruxelles en 1958 de triomphe de l’homme sur les robots, une manifestation d’optimisme et de foi en l’avenir.
Aujourd’hui, l’hystérie robotique revient à la mode. De nombreux penseurs éminents prédisent un chômage de masse résultant de l’arrivée de nouvelles technologies sur le lieu de travail. Vous avez entendu les prédictions : 50 % de tous les emplois seront automatisés dans les 10 prochaines années. Les robots détruiront nos emplois, et nous ne sommes pas prêts.
Est-ce que ce sera différent cette fois ? Ou les générations futures se pencheront-elles sur l’épidémie actuelle de robophobie et la considéreront-elles aussi injustifiée que les manifestations précédentes ? J’ai tendance à suivre l’interprétation de Nietzsche selon laquelle l’existence de l’éternel retour est rassurante